Panne des numéros d’urgence : les faiblesses du tout numérique

Dans la nuit du 2 au 3 juin dernier, les numéros d’urgences (15/17/18/112) sont devenus inopérants sur quasiment toute la France. Les autorités publiques et l’opérateur de télécommunication Orange ont promptement réagi en improvisant la mise en place de numéros de substitutions à 10 chiffres.

Faut-il s’inquiéter ?

Pour l’heure, les conséquences de « pertes de chance de vie » ne sont pas encore totalement évaluées bien que plusieurs décès semblent être imputables directement ou indirectement à l’incident.

La cause n’est pas encore clairement identifiée mais l’hypothèse la plus probable, évoquée par Orange, est celle de la panne d’un routeur. Il s’agit d’un équipement informatique chargé d’aiguiller automatiquement les appels d’un appelant vers un destinataire ; dans le cas présent, des particuliers vers les centres d’urgence.

Une panne, par nature imprévisible, est toujours possible. Mais c’est là qu’il convient de s’interroger sur la pertinence du tout numérique face à d’autres procédures – analogiques – mais plus robustes.

Sommes-nous dépendants du numérique ?

Qu’adviendrait-il dans d’autres situations ou tout reposerait sur une confiance aveugle dans les outils numériques. En mars dernier la Métropole Rouen Normandie a mis en place un système d’alerte SMS « Risques industriels et naturels » pour les habitants (Lire : https://bit.ly/2Tp0JjS). Une décision qui fait écho à l’accident sur le site de l’usine Lubrizol en 2019. Pour recevoir les alertes, les citoyens doivent préalablement s’inscrire. Parallèlement l’Etat commence à déployer un dispositif similaire de « Cell broadcast » qui ne nécessite pas d’inscription pour vous prévenir sur votre smartphone dans le cas où vous vous trouveriez dans une zone où vient de se produire une catastrophe. [Tiens donc !? Nous serions à la fois individuellement et anonymement localisables, pour notre bien !? Bizarre et difficile à comprendre. #libertéesindividuellelles]

Voilà qui est remarquable, à condition que la catastrophe en question n’impacte pas les réseaux numériques. Dans le cas de la panne des numéros d’urgence, il n’y avait visiblement pas de plan de substitution vers lequel basculer : un autre routeur ? un autre opérateur ? Dans le cas des risques industriels, il existe déjà un réseau de sirènes, parfois jugé archaïque, et la consigne d’écouter la radio publique France Bleue. Gageons que ces systèmes analogiques resteront branchés malgré des innovations supposées plus réactives et performantes.

Autre exemple, la gestion du trafic maritime, particulièrement sensible en Manche et dans les ports normands. La visualisation en temps réel des navires dans le port du Havre (Voir : https://bit.ly/3gdxPMe) montre la densité des opérations et laisse imaginer les perturbations en cas de panne. Fort heureusement, il existe toujours une régulation classique par des opérateurs humain qui interviennent par radio Vhf auprès des navires, des pilotes ou des opérateurs portuaires.

Et chez vous ?

L’internet des objets se développe à grande vitesse avec la promesse de davantage de services liés à la domotique. Même si ça peut être agréable de programmer son café pour un réveil en douceur, est-ce indispensable ?

Dans tous les cas, sommes-nous capables d’évaluer notre (in)dépendance au numérique ? Avons-nous un plan B au cas où ? En 1999, au lendemain des grandes tempêtes, la majeure partie des stations-services étaient fermées ; non pas faute de pétrole mais d’électricité. Pas d’électricité, pas de pompe, pas d’informatique, pas de moyen de paiement. Autrefois, une pompe ou une caisse enregistreuse pouvaient se débrayer et s’activer manuellement.

Il ne s’agit pas de prôner un retour en arrière, mais une bonne vieille bougie dans un tirroir ça peut servir !

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